Délai de prescription

Dans un contexte où les litiges civils, commerciaux ou pénaux peuvent survenir longtemps après les faits, la question du délai de prescription demeure centrale. Ce mécanisme détermine la période pendant laquelle une action en justice peut être engagée. Passé ce terme, les droits s’éteignent ou se consolident selon les cas. Depuis la réforme de 2008, la France a profondément remanié son système de prescription afin de l’adapter à la rapidité des échanges modernes et à l’exigence de sécurité juridique;

Délai de prescription : définition et particularités

Un délai de prescription est la période de temps légale au-delà de laquelle une action en justice ne peut plus être intentée, ce qui signifie que le droit de poursuivre en justice est perdu. C’est donc  le délai à l’expiration duquel une personne n’est plus en mesure de saisir la justice pour défendre ou faire reconnaître ses droits.

Concrètement, si une action judiciaire est entamée alors que le délai de prescription est dépassé, cette action sera jugée forclose et déclarée irrecevable par la juridiction saisie.  Ce délai varie selon le type d’affaire (civile, pénale, etc.) et commence généralement à courir à partir du moment où les faits pertinents sont connus ou auraient dû être connus. 

Les délais de prescription en matière civile

Le Code civil encadre le temps pendant lequel un justiciable peut exercer ses droits. La prescription ne vise pas seulement à sanctionner l’inaction, mais aussi à stabiliser les rapports juridiques. En pratique, elle repose sur deux logiques distinctes : l’extinction d’un droit et l’acquisition d’un droit par la possession.

La prescription extinctive éteint un droit lorsque son titulaire demeure inactif pendant une durée déterminée. L’article 2219 du Code civil la définit comme « le mode d’extinction d’un droit résultant de l’inaction de son titulaire pendant un certain laps de temps ». Autrement dit, l’absence de démarche judiciaire dans le délai imparti rend toute action ultérieure irrecevable.

À l’inverse, la prescription acquisitive – ou usucapion en matière immobilière – permet d’acquérir la propriété ou un droit réel après une possession paisible, continue et publique durant un certain temps. Elle repose sur l’idée qu’un usage prolongé peut produire un titre juridique. Ce mécanisme joue un rôle majeur, notamment dans les litiges fonciers.

Le délai de prescription de droit commun

Depuis la loi du 17 juin 2008, le délai de prescription de droit commun est fixé à cinq ans. Il s’applique tant aux litiges civils que commerciaux, remplaçant l’ancien délai trentenaire. Cette réduction répond à un double objectif : accélérer la résolution des différends et aligner le droit français sur les standards européens.

Les articles 2224 du Code civil et L110-4 du Code de commerce précisent ce délai, qui court à compter du jour où le titulaire d’un droit connaît ou aurait dû connaître les faits permettant d’agir. Néanmoins, plusieurs branches du droit conservent leurs propres délais, parfois bien plus courts ou longs selon la nature du litige.

Suspension et interruption de la prescription

Deux mécanismes modifient le cours du temps dans le calcul de la prescription : la suspension et l’interruption.

  • La suspension fige temporairement le délai sans effacer la période déjà écoulée.
  • L’interruption, elle, annule le délai en cours et fait repartir un nouveau terme de même durée à compter de l’acte interruptif.

Les causes prévues par la loi peuvent être enrichies par accord des parties, sauf restriction contraire. Depuis la réforme de 2008, la prescription peut être suspendue lorsqu’un processus amiable est engagé, notamment une médiation ou une conciliation (article 2238 du Code civil). Cette mesure vise à encourager le règlement amiable des différends sans risque de forclusion.