Des chaussées de l’autoroute A7 aux trottoirs de Marseille, le bitume est partout, bien que souvent confondu avec d’autres matériaux. Élément indispensable à l’aménagement urbain et aux infrastructures de transport, il reste pourtant méconnu du grand public. Issu du pétrole, il se distingue par sa plasticité et son rôle de liant dans les enrobés routiers. Derrière sa banalité apparente, ce matériau concentre un savoir-faire industriel et une importance stratégique pour l’économie.
Comprendre ce qu’est le bitume
Le bitume est un mélange d’hydrocarbures résultant de la distillation du pétrole brut. Sa composition varie selon l’origine du gisement et le procédé de raffinage utilisé. À température ambiante, il se présente comme un solide noir et inerte. Lorsqu’il est chauffé, il se transforme en une masse visqueuse, adhésive et malléable.
Il ne doit pas être assimilé au goudron, qui provient du charbon. Les deux matériaux diffèrent par leur origine et leurs propriétés, bien que leur aspect puisse prêter à confusion.
En France, les bitumes sont classés par grade en fonction de l’évolution de leur viscosité avec la température. Les plus répandus sont les 35/50 et 50/70, conformément à la norme NF EN 12591. Leur choix dépend des conditions climatiques, des contraintes mécaniques attendues et de la durabilité recherchée.
Un matériau aux propriétés recherchées dans plusieurs domaines
Les qualités du bitume expliquent son omniprésence dans la construction moderne :
- Imperméabilité : il protège les structures de l’infiltration d’eau.
- Souplesse : il absorbe les déformations liées au trafic ou aux variations thermiques.
- Adhérence : il maintient les granulats entre eux et offre une bonne accroche aux pneus.
- Stabilité : il conserve ses propriétés mécaniques dans une large plage de températures.
Construction routière
Dans la réalisation des routes, le bitume est utilisé à hauteur d’environ 5 % dans les enrobés bitumineux. Ces derniers sont obtenus par le mélange de granulats chauffés à près de 160 °C avec du bitume ramolli.
Des additifs permettent d’adapter les enrobés à des usages spécifiques, qu’il s’agisse de renforcer leur résistance mécanique ou d’améliorer leurs propriétés acoustiques.
Depuis quelques années, les enrobés tièdes gagnent du terrain. Chauffés à une température inférieure (environ 130 °C), ils nécessitent moins d’énergie et réduisent les émissions lors de la mise en œuvre. Leur fabrication repose sur l’ajout de faibles proportions d’additifs ou de tensioactifs.
Autres usages du bitume
L’usage du bitume ne se limite pas aux infrastructures routières.
- L’asphalte : mélange de granulats fins et de bitume (environ 10 % du volume), il est chauffé autour de 200 °C. Il recouvre les trottoirs, les parkings, certaines stations de métro ou tout espace ne nécessitant pas une résistance mécanique élevée. Près de 200 000 tonnes sont utilisées chaque année en France.
- Le bitume oxydé : obtenu par insufflation d’air sous pression et incorporation d’huiles de fluxage, il est destiné aux travaux d’étanchéité. On le retrouve dans les toitures, les terrasses ou encore les fondations nécessitant une protection contre l’humidité. Il est commercialisé sous forme de pains à fondre ou de bandes prêtes à l’emploi, appliquées au chalumeau.
Tableau comparatif des principaux usages du bitume
| Type de produit | Composition moyenne | Température de mise en œuvre | Domaines d’application | Volume annuel en France |
|---|---|---|---|---|
| Enrobés bitumineux | 95 % granulats, 5 % bitume | 160 °C | Routes, autoroutes, voiries | +30 millions de tonnes |
| Enrobés tièdes | 95 % granulats, 5 % bitume + <1 % additif | 130 °C | Routes, zones urbaines sensibles aux émissions | en expansion continue |
| Asphalte | 90 % granulats fins, 10 % bitume | 200 °C | Trottoirs, parkings, stations de métro | 200 000 tonnes |
| Bitume oxydé | Bitume + huiles de fluxage, air sous pression | variable selon produit | Toitures, terrasses, étanchéité | données non précisées |