Élément omniprésent du paysage industriel et architectural, la traverse se retrouve aussi bien sous les rails d’un train que dans la structure d’une fenêtre. Derrière sa simplicité apparente, elle remplit une mission capitale : celle d’assurer le soutien horizontal et la cohésion d’un ensemble structurel. Qu’elle appartienne à une voie ferrée, à une charpente ou à un aménagement paysager, elle incarne une pièce à la fois discrète et essentielle à la solidité des infrastructures.
Nature et fonction des traverses
Dans le domaine de la construction, une traverse désigne une pièce horizontale destinée à renforcer, soutenir ou relier des éléments verticaux. Elle complète le rôle des montants, contribuant à la stabilité globale d’un ouvrage. Sa présence se vérifie dans de nombreux contextes : bâtiments, voies ferrées, menuiseries, charpentes ou encore aménagements extérieurs.
Ces pièces adoptent des dimensions, des matériaux et des usages variés selon leur fonction. Leur conception repose sur des exigences mécaniques précises : résistance à la compression, stabilité dimensionnelle et durabilité face aux contraintes environnementales.
Les traverses de chemin de fer
Dans le monde ferroviaire, les traverses constituent l’un des piliers invisibles de la sécurité des circulations. Disposées perpendiculairement aux rails, elles assurent trois fonctions majeures :
- maintenir l’écartement des voies, garantissant la stabilité du passage des trains ;
- absorber et répartir les charges dynamiques exercées par le matériel roulant ;
- transmettre ces efforts au ballast, couche granulaire qui amortit les vibrations et stabilise l’ensemble.
Historiquement fabriquées en bois, souvent traité au créosote pour résister à l’humidité et aux insectes, les traverses ont progressivement évolué vers des matériaux plus performants. Le béton armé s’est imposé dans les lignes à fort trafic pour sa longévité et sa rigidité, tandis que l’acier ou les polymères renforcés apparaissent dans les infrastructures modernes recherchant un entretien minimal.
| Type de traverse | Matériau principal | Durée de vie moyenne | Usage courant |
|---|---|---|---|
| Bois | Chêne, azobé ou pin traité | 20 à 30 ans | Voies secondaires, lignes rurales |
| Béton armé | Ciment + armature métallique | 40 à 60 ans | Lignes à grande vitesse, voies principales |
| Métal | Acier galvanisé | 25 à 40 ans | Voies industrielles, rails urbains |
| Composite | Fibres synthétiques et résine | 50 ans et + | Voies à forte humidité, zones maritimes |
Traverses en charpenterie
Dans la menuiserie et la charpente, les traverses sont les contreparties horizontales des montants. Elles se retrouvent au cœur de nombreuses structures :
- Traverse de porte ou de fenêtre : elle délimite l’ouvrant et participe à la rigidité du cadre. Certaines versions, dites “traverses intermédiaires”, subdivisent les vitrages pour renforcer leur maintien.
- Traverse de solive : placée en appui sur une dalle, elle soutient les solives d’un plancher et répartit les charges uniformément.
- Traverse de mur ou de toit : elle forme la base horizontale sur laquelle viennent s’ancrer les éléments verticaux d’une charpente ou d’une cloison.
Les artisans privilégient généralement le bois massif ou lamellé-collé, pour sa capacité à absorber les variations hygrométriques sans déformation excessive. Dans les menuiseries contemporaines, l’aluminium et le PVC prennent le relais, offrant à la fois légèreté et précision dimensionnelle.
Traverses d’accès et passages
Dans le génie civil et l’aménagement du territoire, le mot « traverse » désigne aussi des dispositifs d’accès ou de franchissement. Ces éléments horizontaux permettent de sécuriser le passage d’un point à un autre, souvent au-dessus d’un obstacle naturel.
Les plus courants sont :
- les traverses de cours d’eau, constituées de poutres ou de dalles soutenant un ponceau ou une passerelle légère ;
- les traverses décoratives, souvent issues de la récupération de traverses ferroviaires en bois, utilisées pour aménager des jardins, des escaliers ou des bordures paysagères.
Ces réemplois, prisés par les paysagistes et les collectivités, répondent à une tendance de valorisation des matériaux anciens. Certaines entreprises spécialisées traitent et réhabilitent ces pièces pour leur donner une seconde vie dans l’aménagement urbain ou privé.